Entre le projet de Zone de Circulation Restreinte dans les cartons à Arras, la nouvelle réglementation sur les plaques d’immatriculation, l’obligation de port de gants « homologués » et le contrôle technique qui revient sur le tapis… Les motifs de la grogne sont multiples. Et la FFMC compte bien les faire entendre

Par CELINE DEBETTE | Publié le 30/12/2016 LA VOIX DU NORD

La fédération française des motards en colère (FFMC) a beau faire partie de la commission interministérielle de sécurité routière, « les décisions sont prises sans prendre en considération ce que l’on dit », estime Lionel Saussé. « On nous écoute mais on ne nous entend pas. » Le trésorier de la FFMC 62 en veut pour preuve les différentes mesures « pondues par le gouvernement ».

À commencer par les plaques d’immatriculation qui doivent toute mesurer 210 x 130 mm d’ici le mois de juillet. Une mesure destinée à mettre tout le monde (cyclos, deux roues motorisés, quads…) à la même enseigne puisque plusieurs formats existaient jusqu’alors. Une aberration pour les motards. « Les plaques actuelles sont faites pour ne pas avoir de prise au vent trop importante et là, on les agrandit encore… » Leur colère est d’autant plus forte que le changement de système d’immatriculation pour les voitures, en 2009, s’est montré bien plus souple. En effet, les véhicules achetés avant cette année-là peuvent encore présenter des plaques de l’ancien format. « Là on oblige tous les motards qui en ont déjà une à en acheter une nouvelle. » Seule exception : les bécanes de collection qui devraient bénéficier d’une dérogation.


« On a toujours l’impression d’être les dindons de la farce et de se faire plumer »

Autre grief : l’obligation, depuis novembre, du port de gants homologués pour les deux roues motorisés. Bien sûr, les motards comprennent bien que cette mesure vise principalement les conducteurs de scooters et autres qui souvent s’affranchissent de cette règle de sécurité. Néanmoins, « pour nous, motards, qui portons tous des gants, cela nécessite un sacré investissement ». Car ces derniers disposent pour la plupart de trois paires (hiver, mi-saison et été). « C’est un budget de 300 à 350 €. C’est pas rien. » Bref, « on a toujours l’impression d’être les dindons de la farce et de se faire plumer », râle Christian Bertin, coordinateur de l’antenne FFMC62.

Si on ajoute à ça le projet de décret officialisant le contrôle technique obligatoire à la revente qui pourrait être prêt pour octobre… Ça commence à faire lourd. Et c’est sans parler des ZCR (Zone de Circulation Restreinte) : 27 métropoles seraient sur la liste. « Dont Arras ou plutôt la communauté urbaine », assurent les motards qui n’ont pas hésité à manifester en octobre dernier contre ce qui n’est, selon la CUA, qu’un projet dont les contours restent à définir.

En tout cas, 2017 s’annonce « sportive », avertit Lionel Saussé. Car la FFMC 62 ne compte pas rester les bras croisés. « C’est une année électorale… Les candidats vont faire leur campagne. On ne manquera pas de les interpeller comme il se doit », lâche-t-il. Un appel qui devrait être largement entendu par les motards qui sont plus que prêts à se mobiliser.

Des combats aussi au quotidien

« Le problème, c’est qu’on a tendance à être oubliés pour ne pas dire méprisés », estiment les membres de la FFMC62. À commencer par les élus « qui ne prennent pas conscience qu’on existe ». C’est justement pour se rappeler à leur bon souvenir que l’opération Motard d’un jour a été lancée. Le principe : faire monter ces derniers sur une moto pour qu’ils se rendent compte par eux-mêmes. A Carvin, par exemple, ça a été l’occasion de pointer du doigt les « plots en bois saillants à l’embout pointu » destinés à empêcher le stationnement des voitures « sauf que si on tombe dessus, on peut se faire très très mal ».

Ou encore les dos-d’âne beaucoup trop hauts. « La norme c’est 10 cm, or, il y en a plein qui les dépassent. Depuis, certains dans la commune ont été abaissés… Pas tous. » Récemment, un Varois s’est lancé dans une lutte acharnée contre les ralentisseurs illégaux, n’hésitant pas, avec le soutien de la FFMC du département, à traîner les communes devant les tribunaux. Démarche déjà engagée dans l’Hérault en 2013 et qui avait porté ses fruits.

Autre cheval de bataille : les glissières sur les autoroutes, « qui devraient être doublées car lors d’un accident, le motard glisse souvent en dessous et s’il rencontre un piquet… ». C’est d’ailleurs pour connaître les premiers gestes à porter aux motards lors d’accident qu’une formation avait été proposée par la FFMC 62 début décembre une formation de secours. Un coup d’essai réussi qu’elle compte bien reconduire l’an prochain.

Trop peu d’adhérents

Si la Fédération Française des Motards en colère a été créée en 1980, son antenne dans le Pas-de-Calais est, quant à elle, née sur le tard. « Elle a été remise en route en 2009 après avoir connu une période de flottement suite à son lancement en 2002 », explique Lionel Saussé, le trésorier. Depuis, son nombre d’adhérents varie d’une année sur l’autre… en fonction des combats à mener. « L’année où on a dû batailler contre l’instauration du contrôle technique, on était 92, une fois qu’on a gagné, on en a perdu 20 % l’année suivante », remarque-t-il. Aujourd’hui, ils sont 54 sur les 10 000 à l’échelle nationale, « ce qui reste relativement faible compte tenu du nombre très important de motards dans le département et même dans la région qui est une terre de motards ». D’ailleurs, ils sont très nombreux dans les clubs qui proposent une adhésion souvent un peu plus chère que celle de la FFMC (39 €/an, sa seule source de financement) « mais les objectifs ne sont pas les mêmes ».

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