05 janvier 2016
Mais d’où viennent les Vélibs qui gisent au fond du canal Saint-Martin?
Des caddies, des carcasses de scooters, des poussettes, différents modèles de chaises. Et des Vélibs. Beaucoup de Vélibs. Les passants se pressent, ces jours-ci, autour du canal Saint-Martin, dans le 10ème arrondissement de Paris, pour photographier les objets qui émergent de la vase à mesure que le bassin se vide. « Mis en chômage » pour trois mois, le canal sera entièrement asséché à partir du vendredi 8 janvier (vidéo ici).
Mais d’où viennent ces dizaines de Vélibs dont on aperçoit les carcasses grises gisant dans quelques centimètres d’eau boueuse ? La réponse est assez simple : ils ont été volés, souvent arrachés de leur bornette, ont sans doute servi à un déplacement, puis ont été prestement jetés, ou sont tombés accidentellement dans l’eau, un soir d’ivresse.
20 000 vols par an. Les chiffres de cette délinquance à la petite semaine, repérés par Mathieu Marquer, membre du comité des usagers de Vélib’ entre 2010 et 2013, sont effarants. Selon l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), environ 20000 Vélibs sont volés chaque année. On a ainsi recensé près de 19000 vols en 2014, et presque 20000 en 2013. En 2009, c’était pire : près de 23000 vélos dérobés. Depuis, le système de sécurité a été amélioré.
Selon l’APUR, 91% des vélos arrachés sont toutefois retrouvés. On les répare, lorsque c’est possible, dans un atelier situé à Saint-Denis. Mais tous les vélos ne sont pas réparables. Il faut tout de même en détruire chaque année entre 2000 et 6000.
Nord-est parisien. Les vols, et les dégradations, concernent principalement les arrondissements du nord-est parisien, et la Seine-Saint-Denis proche. Autrement dit les quartiers qui jouxtent le fameux canal. On compte ainsi dix fois plus de Vélibs volés dans le 19ème que dans le 17ème, pour un nombre d’habitants sensiblement équivalent.
Tout ceci coûte cher, évidemment. Depuis le 15 juillet 2007, date de l’inauguration du service, au moins 85000 Vélibs ont été fabriqués, comme le prouve le numéro figurant sur le cadre des éléments les plus récents. Et au moins 50 000 ont disparu, ou été détruits. C’est notamment pour cette raison que le système coûte si cher à la collectivité, environ 4000€ par vélo et par an, selon un calcul de l’économiste Frédéric Héran. Un calcul qui inclut les vélos, les réparations, la régulation, mais aussi le manque à gagner publicitaire, et que ne dément ni la Ville de Paris, ni le concessionnaire, JCDecaux.
Fiction: en 2017, Vélib’ est enfin un transport fiable (juillet 2012)
Les vols en été. Enfin, on notera que 13000 à 17000 Vélibs circulent à Paris et dans sa proche banlieue (selon v.mat.cc, site non officiel mais très bien informé), au lieu des 24400 prévus initialement dans le contrat entre la Ville et le concessionnaire. Le nombre le plus élevé, 17000, correspond aux mois d’hiver, lorsque le vandalisme est le moins fréquent. Et le plus bas, 13000, correspond aux mois d’été, lorsque les vols se répètent et que les Vélibs finissent leur vie dans le canal.