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Depuis quelques jours les réseaux sociaux et les médias bruissent du retour du contrôle technique 2 roues-motorisés (2RM) ou à minima de l’instrumentalisation qu’en fait le Gouvernement. Avant hier, c’était RTL, repris par « La Croix » qui croyaient savoir que cette mesure serait entérinée prochainement, et qu’en toute logique les motards seraient à mettre sur le même pied d’égalité que les autres usagers de la route.

Rien de nouveau au fait qu’Emmanuel Barbe (le Délégué interministériel à la sécurité routière) souhaite proposer à son ministre d’instaurer un contrôle technique (CT) à la revente d’un 2RM ou toutes autres dispositions approchantes. Ce qui tracasse actuellement les pouvoirs publics est la façon dont ils vont devoir négocier la fin du « bridage » à 100 chevaux au 1er janvier 2016 ainsi que la question du rétrofit pour les motos immatriculées avant le 31 décembre 2015. Ils tentent d’anticiper les critiques et la communication offensive de la Ligue contre la violence routière (LCVR) et d’autres organisations pro-répression, qui ne vont pas se gêner d’accuser la Direction de la sécurité et circulation routière (DSCR) de permettre aux motards de « lâcher les chevaux sur les routes françaises », a fortiori dans un contexte de hausse de la mortalité pour les 2RM au mois de juillet. D’où ce possible « marchandage » entre rétrofit et contrôle technique ! Et tout cela dans une perspective d’un prochain Conseil interministériel à la sécurité routière (CISR) qui s’annonce animé surtout après les révélations d’un rapport de l’Inspection Générale de l’Administration.

Néanmoins le pouvoir politique a déjà eu un aperçu de la mobilisation des motards sur le sujet du CT, ainsi que de notre détermination à ne pas se laisser raconter la messe sur un faux prétexte de sécurité routière. Le ministre est aussi bloqué par une multitude de contraintes réglementaires, nationales et européennes ainsi que par une administration dépendant du ministère de l’environnement qui a déjà fait savoir qu’elle travaille à exclure le 2RM de l’application de la directive européenne applicable en 2022.

Pour nous, les arguments restent inchangés : le contrôle technique moto au prétexte de sécurité routière, est une hérésie et rien de plus. Nous avons porté ces arguments auprès de la commission européenne, du parlement européen, du conseil de l’union européenne, des eurodéputés et nous avons eu gain de cause.

Car la FFMC a réussi le coup de force de transformer un projet de règlement européen en directive européenne qui tient compte du principe de subsidiarité (l’Europe reconnaît que les États membres sont en capacité de gérer cette question par eux-mêmes), en s’appuyant notamment sur le rapport Motorcycle Accident In Depth Study (MAIDS), qui met en évidence la corrélation totalement infime entre accidents et défaillances techniques. Les motards par la voix de la FFMC ont massivement refusé qu’un lobby aussi puissant soit-il, leur dicte une politique de sécurité routière dans l’unique but de faire de l’argent.

Il est sûrement temps de remettre la pression pour que le ministre Bernard Cazeneuve n’ai pas la faiblesse de croire qu’il peut manœuvrer tranquillement sur ce sujet sans se heurter à une très forte opposition des motards.

La fin des grandes vacances et la rentrée des politiciens annoncent souvent des mauvaises nouvelles en matière de sécurité routière, un sujet épineux pour tous les gouvernements qui se succèdent depuis qu’un président en a fait une « priorité nationale ».
Et il se trouve que les chiffres de juillet 2015 ne sont pas bons, par rapport à ceux de juillet de l’an dernier*, avec une soixantaine de décès en plus. A chaque hausse de la mortalité routière, on relève aussi une augmentation de victimes en deux-roues motorisés, usagers vulnérables s’il en est puisqu’ils ne sont pas attachés dans des véhicules carrossés mais juste à cheval sur leur monture… ça ne veut pas dire qu’ils commettent plus d’infractions que les autres, mais juste qu’en cas d’accident, ils sont plus blessés ou morts que les occupants d’une voiture.
Rappelons d’ailleurs que plus de la moitié des accidents impliquant un deux-roues motorisé implique aussi une automobile et que dans les deux-tiers des cas, l’origine de l’accident incombe à l’automobiliste qui n’a « pas vu » le motard, faute d’avoir bien regardé au moment où il entamait sa manœuvre.

Bref, c’est la rentrée… c‘est la rentrée des déclarations, c’est la rentrée des chiffres, c’est la rentrée des donneurs de leçons, tout le monde en rang et gare aux têtes qui dépassent, saperlipopette ! Pendant que Mme Royal, ministre de la « croissance verte » (quel bel oxymore !) annonce une réduction des autoroutes urbaines à 90 km/h pour « réduire la pollution », les spécialistes de la sécurité routière reviennent sur les mesures « fortes » qu’il faudra prononcer lors du prochain Conseil interministériel de la sécurité routière (CISR) prévu d’ici la fin de l’année. Alors ces spécialistes ressortent leur catalogue où figurent les propositions des « experts » qui sont des chercheurs, des accidentologues, des alcoologues, des traumatologues, des psychologues, des ingénieurs, des hauts-fonctionnaires… des gens qui « savent », quoi ! Ces gens sont censés conseiller les politiques qui sont par essence des hésitants toujours mal à l’aise pour faire correspondre des courbes de sécurité routière idéales et promises avec celles des sondages d’opinion si instables et qui leur servent de baromètres avant les prochaines élections. La sécurité routière, c’est toujours un pétard délicat à manier pour un ministre chargé de ce domaine : il se doit de faire régulièrement des annonces pour montrer sa détermination à lutter contre les drames de la route, mais la mise en œuvre est toujours embêtante parce que ça se traduit inévitablement par une recrudescence du sécuritaire et tout plein de trucs très désagréables pour le conducteur-contribuable moyen et potentiellement électeur.

Bref, faut sévir, mais pas trop… faut se fâcher, mais pas avec tout de monde. Heureusement, il y a les motards ! Peu nombreux dans la population (près de 3,5 millions d’usagers, tout de même), trop nombreux dans les statistiques morbides de la sécurité routière, facilement montrés du doigt par les braves gens à cause de quelques imbéciles qui se distinguent avec leurs « échappements libres » (de casser les oreilles du voisinage ?), les motards sont un matériau idéal pour les politiciens désireux de se la jouer sévère mais juste dans l’intérêt de tous.
Donc, si je suis le ministre des accidents de circulation (ou le haut-fonctionnaire délégué à ces questions) et puisque les associations de victimes de la route le demandent, je me fais apporter vite fait le catalogue des experts en sécurité routière à la recherche de quelques « mesures fortes »… « voyons, voyons… ah-ah, les experts préconisent un contrôle technique pour les motos qui y échappent encore, pas mal ça ! Difficile à mettre en œuvre, mais pour l’annonce, c’est bien… ça va mettre les « Motards en colère » en colère, mais les automobilistes qui sont déjà astreints au contrôle technique obligatoire, rien que par jalousie, n’iront pas les défendre, au contraire. Et ensuite ? Ha, là, obligation de porter des équipements de protection, très très bien ça, ça va plaire à la mère de famille qui s’affole de voir son gamin lorgner vers les scooters des copains, surtout au moment de la rentrée des classes. Allez, on va faire comme ça et pour commencer, on va annoncer une future obligation du port des gants à moto, c’est pas cher et les normes techniques ne devraient pas être trop difficiles à établir**… et après le déjeuner, on reviendra aux choses sérieuses avec les menaces terroristes, la crise des éleveurs, tout ça. »

Ce qui est navrant tout de même, rentrée après rentrée, c’est que ça fait 35 ans que les Motards en colère de la FFMC font des propositions pour l’amélioration de la sécurité routière***, mais ces propositions n’intéressent pas les technocrates qui conseillent les politiques : pas assez spectaculaire pour frapper l’opinion publique, pas assez vendeur pour les médias et pas assez clivant pour des politiciens qui aiment tant jouer à opposer les catégories pour mieux se poser en arbitre une fois leurs annonces faîtes.
De notre côté, à la FFMC, à l’Association pour la Formation des Motards, à l’Assurance Mutuelle des Motards, à la FFMC-Loisirs et à Moto-Magazine, nous allons continuer à mettre en œuvre nous-mêmes nos idées qui fonctionnent et qui font qu’en trois décennies, la catégorie des 2RM est celle où la baisse des tués a le plus progressé proportionnellement au nombre de ses pratiquants qui ne cesse d’augmenter… ce que les baromètres mensuels de la sécurité routière et les communiqués de presse du gouvernement ne disent pas. Trop compliqué, peut-être ? A moins que les experts ne constatent finalement que les Motards en colère sont les bons élèves de la sécurité routière ?
Comment, de quoi ?… reconnaître que les meilleurs espoirs sont portés par les plus turbulents ? Quel mauvais signal en cette période de rentrée où il convient de se montrer ferme !
Allez, tout le monde en rang et gare aux têtes qui dépassent !

*http://blogs.motomag.com/gchocteau/index.php?post/58-19-sur-la-route-120-33-dans-l-eau-Arretons-l-hypocrisie-routiere

**http://blogs.motomag.com/concertation2RM/index.php?post/Port-des-gants-obligatoire-%3A-la-fausse-bonne-idee

***http://www.ffmc.asso.fr/IMG/pdf/manifeste-BD.pdf

Solidarité ,bénévolat, fidélité et performances des idées qui se partagent,<

Le dernier rapport de l’ONISR indique une hausse de la mortalité routière de 19,2% en juillet 2015. La politique de sécurité routière basée quasi exclusivement sur le contrôle des vitesses via l’automatisation de la sanction atteint-elle son niveau d’incompétence ?

Une politique inopérante

26 mesures sont annoncées début janvier par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dont celle sur l’obligation de détention d’un gilet haute visibilité sous la selle pour les deux roues motorisés (au 1er janvier 2016) ou l’interdiction des kits mains-libres (au 1er juillet 2015), mais aussi celle de l’augmentation du parc de radars automatiques. Quelle a été l’efficacité de ces annonces sur la mortalité des usagers en général et des 2RM en particulier ? Inefficace, semble-t-il !

Des solutions adaptées aux enjeux


Dans le cas des grands départs en vacances, périodes accidentogènes, pourquoi ne pas inciter financièrement les usagers à emprunter les autoroutes ? Ces réseaux sont les plus sûrs et sont une solution efficace pour préserver des vies. Ou les enjeux financiers sont-ils plus importants que la Sécurité routière ?

Qu’en est-il des contrôles ciblés sur les conduites à risque tels que l’alcool et les stupéfiants ? Des contrôles réalisés par les forces de l’ordre et pas par des machines, alors que les dernières annonces sont orientées autour du renouvellement et du développement du parc de radars automatiques. Force est de constater que malgré l’accroissement du recours au système Contrôle sanction automatisé, les morts sur les routes ne baissent pas. Remettons de l’humain dans les contrôles qui ressembleront plus à ce qu’ils devraient être qu’au prétexte à de juteuses rentrées d’argent …

Quelles annonces prévues au CISR de rentrée ?


Suite à la récente publication du rapport de l’IGA, intitulé « évaluation de la politique de sécurité routière » (1), le Premier ministre annonce un Comité interministériel à la sécurité routière à la fin de l’été. La FFMC demande que de réels moyens soient alloués à la compréhension de l’accidentalité routière, que ce soit au niveau National (par une réelle interministérialité), mais aussi vis-à-vis des pouvoirs décentralisés et déconcentrés de l’Etat en incluant les associations d’usagers de la route et en particulier les motards à la prise de décision.

(1) BONDAZ, 14 août 2015, Inspection Générale de l’Administration, Rapport de diagnostic d’évaluation de la politique de sécurité routière, 49p., http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/evaluation-de-la-politique-de-securite-routiere-a2012.html

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