L’activité humaine pollue, c’est indéniable. Protéger la planète est indispensable ! La prise en compte par nos gouvernants de cet état de fait est nécessaire, à la fois à la santé de la planète et à celle de ceux qui l’habitent, c’est absolument incontestable.
Ce qui est en revanche contestable, c’est de faire croire au particulier que l’utilisation de son véhicule personnel est une des principales causes de la pollution : le simple fait de ne parler publiquement que d’elle le sous-entend !
C’est bien sur cet aspect de gestion des priorités que le principe des ZCR est contestable. Non pas sur le fond, mais sur la forme : d’une part, ce n’est pas par date de fabrication qu’il faudrait classer les véhicules pour les autoriser ou non à circuler mais bien par leurs émissions réelles dûment constatées en conditions d’utilisation (et pas au moment de l’homologation, propice aux tricheries avérées des constructeurs, ni au moyen de tests normés peu conformes à la réalité et propices aux tricheries) ! D’autre part, et surtout, faire croire au particulier que l’utilisation de son véhicule personnel est une cause à gérer en priorité est mensonger.
Le mensonge, et c’est la toute la duplicité de ceux qui ont édicté ces lois sur les ZCR et autres vignettes Crit’Air, ne consiste pas à dire que nos véhicules polluent : c’est vrai. Il consiste à faire croire que la résolution de la pollution des véhicules particuliers soit une priorité ! Comment justifier de ce caractère urgent, quand on sait que les entreprises les plus polluantes (et riches) peuvent acheter leur « droit à polluer » aux entreprises plus propres ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand on sait que 100 entreprises émettent à elles seules 71% du CO2 mondial, responsables plus que probables du réchauffement climatique (étude de l’ONG Disclosure Project sur des données de 1988 à 2015). Comme le souligne le magazine « Sciences et avenir » (1), c’est bien la quête de rentabilité des investisseurs publics et privés qui les fait miser sur les énergies fossiles, au péril de notre environnement ! EDF vend des centrales à charbon (mais c’est à l’étranger, donc ça ne pollue pas chez nous, comme le nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté à la frontière…), mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand les 15 plus gros navires cargos polluent autant que toutes les voitures du monde (2 et 3) ? Donc on importe massivement d’Asie, mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand la flotte de plaisance française, forte de 500.000 unités dont 5.000 yachts de plus de 60 mètres qui brûlent en moyenne 900 litres de fuel à l’heure, la consommation de chauffage d’un foyer (quand il peut se payer ledit fuel !) ? Les nantis peuvent polluer en paix, mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand le transport aérien, avec un nombre d’avions qui doit doubler ente 2014 et 2034, ne pourra pas se passer de kérosène jusqu’à au moins 2050 d’après Total (3). Aucune réglementation ne vient gêner ces gros pollueurs que sont l’aviation et la marine depuis 15 ans (4), mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand les poids-lourds, qui coûtent presque la moitié du coût global de la pollution, peuvent polluer en paix (5) alors que le ferroutage est connu comme une solution efficace mais refusée, mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand notre agriculture, victime mais aussi source de pollution, est le plus gros émetteur d’ammoniac d’Europe, est responsable de 10% des émissions d’oxyde d’azote et de 20% des émission de particules (6) ? Les multinationales vendeuses de produits polluants s’enrichissent, mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier de ce caractère urgent quand on tente de nous vendre l’idée très tentante mais aussi très irréaliste de la fin des véhicules thermiques pour 2040 ? Mais au fait, on ne parle là encore que des véhicules particuliers, dont nous venons de démonter la faible part dans la globalité de la pollution ? Quid des avions, des bateaux, des poids-lourds, des tracteurs, des industries ? Rien ? Eux pourront continuer à polluer en paix, mais nous, contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux véhicules » ?
Comment justifier ces mesures auprès des utilisateurs de deux-roues motorisés, qui utilisent un véhicule fluidifiant, peu polluant du fait de sa mobilité, une solution bien plus efficace que des transports en commun bondés, dysfonctionnant et trop souvent inadaptés aux déplacements trajet-travail en milieu urbain dense ? En Europe, le deux-roues motorisé est très largement considéré comme favorable à la baisse de l’engorgement donc de la pollution : la fédération belge Febiac, s’appuyant sur de nombreuses études dont celle de Transport & Mobility Leuven (7 et 8), affirme que si 25% des automobilistes passaient au deux-roues, il n’y aurait plus de bouchons, grosse source de pollution s’il en est ! Nous, motards et contribuables « de base », devrions jeter à la poubelle nos « vieux 2RM » alors qu’ils contribuent déjà à une moindre pollution ? Où est la juste récompense de l’effort consenti, tant sur le plan social qu’environnemental et économique ?
A comparer tous ces chiffres qui donnent le tournis, on voit bien que nos gouvernants successifs cherchent à faire croire qu’ils s’occupent du problème de la pollution, mais qu’ils ne peuvent pas grand-chose contre ses causes principales. Alors, comme souvent, c’est le contribuable qui fait les frais de l’opération, et on lui explique qu’il est bon qu’il se sacrifie pour le bien de la communauté. Quant aux autres, les principaux responsables, pas d’inquiétude, tout va bien pour eux…
Enfin, à l’heure où l’Europe se penche sur l’obsolescence programmée et le gâchis qu’entraîne ce concept (9), imposer de fait une obsolescence des véhicules implique là aussi un gâchis dont il serait sans doute bon de mesurer les conséquences globales !
On notera avec intérêt que notre demande de rencontrer le Ministre Hulot pour évoquer ces problématiques est toujours sans aucune réponse ni positive ni négative ni… A croire que nous ne sommes qu’une quantité négligeable : si c’est vraiment le cas, pourquoi nous intégrer au dispositif des ZCR – Crit’Air ?
Références :
(1) https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/100-entreprises-responsables-de-plus-de-70-des-emissions-mondiales-de-carbone_114773
(2) https://www.theguardian.com/environment/2009/apr/09/shipping-pollution
(3) http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/reduire-les-emissions-de-co2-du-transport-aerien-un-voeu-pieux-485149.html
(4) http://macop21.fr/la-pollution-du-transport-international-aerien-et-maritime-sur-la-sellette/
(5) https://www.lesechos.fr/28/02/2013/lesechos.fr/0202607469657_pollution-des-poids-lourds—une-facture-de-45-milliards-d-euros-par-an-en-europe.htm
(6) http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/agriculture-et-pollution-air-primequal-vf.pdf
(7) https://gopressmobility.be/2017/04/26/le-deux-roues-motorise-trop-peu-pris-en-compte-comme-solution-aux-problemes-de-mobilite/
(8) https://gopressmobility.be/2017/04/26/febiac-scooter-motorcycle-fastest-way-commute/
(9) http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/07/04/le-parlement-europeen-demande-a-la-commission-de-legiferer-contre-l-obsolescence-programmee_5155600_1652666.html