LE FAIT DU JOUR. La mairie de Paris a détaillé mardi son dispositif de restriction de circulation applicable en janvier. Grenoble se lance aussi et d’autres villes y réfléchissent.

Voilà un pic de pollution qui ne pouvait pas mieux tomber. Alors qu’une alerte aux particules fines est annoncée ce mercredi à Paris, 800 affiches seront collées dans les prochains jours pour inciter Parisiens et banlieusards à acheter leur certificat de qualité de l’air. Cette vignette de couleur, classant les véhicules selon leur niveau de pollution, sera désormais votre laissez-passer si vous circulez intra-muros. La mairie ayant décidé de bouter hors de ses murs les moteurs les plus nocifs, la préfecture de police fera la chasse aux vieux tacots dès la mi-janvier. Dans sa ligne de mire : les voitures de plus de 20 ans qu’Anne Hidalgo ne veut plus voir circuler. Depuis le 1er juillet, 120 000 de ces vignettes Crit’Air ont été vendues en France. D’ores et déjà, 45 000 Franciliens, dont 10 000 Parisiens, l’ont apposée sur leur pare-brise. « Il y a aujourd’hui 6 500 décès prématurés dus à la pollution de l’air à l’échelle du Grand Paris et il y a donc urgence à agir, plaide l’adjoint aux transports à la maire de Paris, Christophe Najdovski. Nous assumons de dire qu’en semaine et en journée on peut se passer d’un véhicule polluant à Paris.

Des artisans inquiets

Selon les chiffres de la mairie, 600 000 véhicules roulent dans la capitale chaque jour, dont près de 38 000 sont trop anciens pour bénéficier d’une vignette. Mais 40 Millions d’automobilistes fait un autre calcul, basé sur le nombre de voitures franciliennes immatriculées avant le 1er janvier 1997. « A terme, plus de 500 000 véhicules seront frappés d’interdiction et le préjudice pour leurs usagers est estimé à plus d’un milliard d’euros », s’étrangle le président de l’association ,Daniel Quéro.

A la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), on s’inquiète aussi des conséquences de ces restrictions. « Remplacer nos véhicules ne pourra pas se faire du jour au lendemain, d’autant qu’il n’existe pas aujourd’hui de fourgons électriques correspondant à nos besoins, souligne le président de la Capeb du Grand Paris, Antony Hadjipanayotou. Si la mairie continue à vouloir nous fermer la porte au nez, les Parisiens se débrouilleront tout seuls avec leurs travaux et leurs dépannages. »

Le ministère de l’Ecologie défend bec et ongles le principe des zones de circulation restreinte étrenné par Grenoble et Paris. Les conseillers de Ségolène Royal mettent en avant le coût de la pollution de l’air : 100 Mds€ par an. Son impact sur la santé ensuite : « Près de la moitié des Français respirent un air dont les teneurs en polluants dépassent les normes. »

Ce processus déborde largement le cas de Paris, souligne Guilhem Isaac Georges, conseiller qualité de l’air auprès de la ministre de l’Ecologie. Saint-Etienne, Dijon, Strasbourg, Bordeaux, Rouen et la métropole du Grand Lyon ont tous lancé des études pour limiter les voitures dans leur centre-ville. »

QUESTION DU JOUR.

Faut-il étendre la vignette antipollution à toutes les villes ?

Londres, précurseur du péage urbain

Bruxelles y réfléchit. La capitale danoise, Copenhague, aussi. En Europe, plusieurs grandes villes ont déjà banni ou veulent limiter les voitures dans les centres avec les mêmes arguments : lutter contre les embouteillages, diminuer la pollution et promouvoir les circulations douces (vélo, voies fluviales…). En 2005, Londres a été la première à franchir le pas en instaurant un péage urbain très dissuasif : tout automobiliste qui souhaite circuler dans la zone payante de 7 heures à 18 heures, du lundi au vendredi, doit s’acquitter de la congestion charge, un péage de 11,50 £ (13,50 €) par jour. Cette zone est identifiée par un marquage au sol d’un C blanc dans un rond rouge ; des caméras enregistrent les plaques d’immatriculation des voitures roulant sans avoir payé le péage. Tout aussi dissuasive, depuis janvier 2015, la capitale espagnole, Madrid, inflige une amende de 90 € aux automobilistes qui circulent dans le centre sans y vivre ou qui ne disposent pas d’une place dans l’un des 13 parkings officiels.

S.C.

Vers la fin de la circulation alternée

Banlieusards, provinciaux et bien sûr Parisiens ; véhicules légers, scooters ou poids lourds : le 16 janvier, officiellement, tout le monde devra afficher la couleur sous forme d’une vignette ronde pour rouler dans la capitale, déclarée zone à circulation restreinte (ZCR). Mais paradoxalement, dans un premier temps, seuls les vieux véhicules d’avant 1997 (pour lesquels il n’existe pas de vignette) seront passibles d’une amende en cas de contrôle, du lundi au vendredi de 8 heures à 20 heures.

Au 1er juillet, les voitures porteuses de la vignette 5 (immatriculées avant 2001) deviendront à leur tour indésirables. Et ainsi de suite chaque année jusqu’à 2020, date à laquelle Paris s’est promis d’éradiquer le diesel. Les pastilles signent aussi la fin de la circulation alternée (en fonction des plaques paires ou impaires) en cas de pic de pollution. Lorsque l’Ile-de-France suffoquera, la circulation ne sera autorisée qu’à certaines catégories de vignette. Lesquelles ? Mystère pour l’instant. « On attend encore un arrêté interpréfectoral pour en définir les modalités », souligne le maire adjoint aux transports de Paris.

Article vu sur LE PARISIEN

J.D.

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