PAR Clémence Dupont Mis à jour le 13/12/2016 à 15:40

Publié le 23/12/2016 à 07:00 VAR MATIN

La Fédération française des motards en colère a introduit un recours auprès du tribunal administratif pour obtenir la destruction ou mise aux normes des ralentisseurs installés à La Garde. Une première étape.

Thierry Modolo, quinquagénaire domicilié à Solliès-Ville et dont l’épouse est installée à La Garde, s’est lancé dans une lutte acharnée contre les ralentisseurs illégaux. Ce Varois est à l’initiative d’une pétition, « Pour que les maires respectent la loi sur les ralentisseurs », qui a recueilli près de 8.000 soutiens sur la plateforme change.org. Il a aussi créé une page Facebook, « Mon maire est autophobe », une communauté de près de 1.300 abonnés, où les exemples de ralentisseurs varois, présentés comme illégaux, se multiplient.
La raison d’un tel combat se trouve dans la passion de Thierry Modolo, ancien instructeur pilote, pour l’automobile. « J’ai été obligé de vendre ma voiture de sports, à force de la voir endommagée par les dos d’âne. C’était un véritable enfer », explique-t-il.
Rien dans ces ouvrages ne trouve grâce aux yeux de ce banquier. Ils seraient générateurs, à la fois, d’une « surconsommation de carburant due à la ré-accélération », d’une « pollution aux particules fines causée par l’usure des plaquettes de frein », de « nombreux problèmes mécaniques pour les véhicules (usure prématurée des organes d’amortissement, de freinage, déformation des châssis etc.) », de « danger pour les motards » et de maux pour la colonne vertébrale des automobilistes.
« A chaque passage sur un dos d’âne, le passager reçoit deux chocs verticaux. C’est encore pire pour les enfants, qui n’anticipent pas le choc », argue-t-il. La liste des griefs ne s’arrête pas là. Thierry Modolo pointe les retards causés aux véhicules de secours et aux forces de l’ordre, et évoque aussi le calvaire des conducteurs de bus de l’agglomération. « Un chauffeur de la ligne 98 passe 272 fois par jour sur un dos d’âne. Soit environ 59.000 fois par an!, aurait calculé l’un d’eux. Imaginez ce qu’il subit, ainsi que les usagers! ».
« De Sanary à Bandol, aucun n’est légal » Il met aussi en avant des situations ubuesques, comme celle de ce minibus, à La Valette, resté coincé, à cheval, sur un dos d’âne trop haut.
Le minibus nouvelle génération de la ligne 121 ne peut franchir le ralentisseur de l’avenue Sainte-Cécile, entre l’arrêt Minimes et le carrefour à La Valette Son action ne se base cependant pas sur cette liste de reproches.
Thierry Modolo s’accommoderait sûrement des ralentisseurs s’ils respectaient la loi, qui réglemente à la fois leur hauteur et leur lieu d’implantation. « C’est simple, de Sanary à Hyères, aucun ralentisseur n’est légal. Ils ont tous au moins en commun le fait d’être trop hauts.
A cela s’ajoute, pour certains, le fait d’être implantés dans une zone limitée à 50 km/h, ou d’être installés dans un virage, des pratiques interdites ».
Il affirme avoir vérifié lui-même quarante ralentisseurs construits (de type dos d’âne ou de type trapézoïdal, excluant les coussins berlinois) à La Garde, La Crau, Hyères et Toulon. Sa conclusion? « Ils mesurent entre 18 et 25 centimètres, au lieu de 10 ».
Le Varois accuse les élus de multiplier les ralentisseurs illégaux, « en toute connaissance de cause, pour répondre aux demandes des riverains qui se plaignent de la vitesse, sans penser aux conséquences ».
Quid des impératifs de sécurité routière? « C’est comme les radars.
Leur utilité est prouvée aux abords des écoles et des points dangereux.
A force d’en mettre partout, les gens freinent fort avant et redémarrent fort après ».
Le combat de Thierry Modolo a notamment trouvé écho auprès de Bernard Darniche, grand pilote français de rallyes automobiles, et de la Fédération des motards en colère du Var (FFMC83).
L’association a introduit un recours auprès du tribunal administratif de Toulon.

Objectif: obtenir la destruction de tous les ouvrages non conformes à La Garde, et la mise aux normes de ceux installés aux abords des écoles ou des lieux touristiques.
S’il obtient gain de cause, José Loubry, coordinateur de la FFMC83, n’exclut pas de s’attaquer aux autres communes, à l’agglomération TPM (Toulon-Provence-Méditerranée), et au Département…
« Nous avons ouvert le dialogue avec M. Haslin, qui n’a rien voulu savoir. Nous sommes obligés d’en arriver là, regrette-t-il.
On demande aux usagers de respecter le code de la route, quand les élus se permettent de ne pas respecter la réglementation ».
Un précédent existe en la matière. La Fédération des motards en colère de l’Hérault avait obtenu satisfaction auprès du tribunal administratif de Montpellier, qui, par un arrêt en date du 21 juin 2013, avait renvoyé la commune de Saint-Drézery à ses responsabilités sur la mise aux normes des ralentisseurs.
Le décret n°94-447 du 27 mai 1994 réglemente les caractéristiques et conditions de réalisation des ralentisseurs de type dos d’âne ou de type trapézoïdal.
Le recours s’appuie sur ces normes pour mettre en cause les ralentisseurs de La Garde. Ils seraient construits: « Largement au-delà de la norme de hauteur de 10 cm maximum ».
« Sans aucun respect de la norme de longueur de 2,5 à 4 m maximum ». « Dans des zones à 50 km/h » « Dans des zones à 30 km/h à peine plus longues que les ralentisseurs et inventées spécialement pour l’implantation de ces derniers »  »
En entrée et sortie de rond-point ce qui constitue une installation en virage et dont l’intérêt reste à démontrer »  »
Dans des zones desservant des services d’intervention d’urgence (pompiers et police) et sans leur autorisation préalable » « Dans des zones desservies par des transports en communs et sans leur autorisation préalable. »
Il est à noter que la responsabilité d’une collectivité locale peut être engagée (article 223-1 du code pénal), en cas d’accident sur la voie publique dû à un ouvrage.
« Ils ont été rabotés » Jean-Pierre Haslin, premier adjoint à la mairie de La Garde, assure que le bureau municipal a pris la décision de ramener les ouvrages aux normes.
« Tous les ralentisseurs ont été rabotés ces six derniers mois ». Il n’y aurait donc plus lieu à engager un recours, ce que réfute sans hésiter Thierry Modolo: « Ils ont seulement allongé les rampants de quelques ralentisseurs, ce qui ne change absolument pas le problème de respect de la loi ».
S’il assure que la situation est aujourd’hui régularisée, l’élu assume avoir opté pour des ralentisseurs hors-normes pendant des années.
Un choix dicté par des impératifs de sécurité routière, en réponse aux demandes des habitants, et qui aurait prouvé son efficacité avec une « baisse de 67% de l’accidentologie en 15 ans ».
« Il y a quinze ans, on a multiplié les signalétiques, sans résultat. On a ensuite installé des plateaux « aux normes », sans résultat.
Leur installation plus élevée s’est révélée d’une efficacité flagrante pour baisser la vitesse », explique le premier adjoint.
C’est ainsi que la loi aurait été délibérément bafouée. « Dépenser 20.000€ dans un plateau aux normes de seulement 10 centimètres, ça ne sert à rien », justifie encore Jean-Pierre Haslin, qui appelle à revoir les normes légales. « On peut faire procédure sur procédure, mais le résultat est là: depuis que les ralentisseurs ont été rabotés, on constate une augmentation de la vitesse, et les habitants s’en plaignent. C’est regrettable », fustige-t-il.

ci dessous le lien du reportage de TF1 (aller à 10ml20 ou chapitre 7)

http://www.tf1.fr/tf1/jt-13h/videos/13-heures-28-decembre-2016.html

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